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    Est-il possible de tomber enceinte après un avortement ? L’avortement et la fertilité expliqués

    Mis à jour le 05 mars 2023
    Révisé par l'EBCOG, Conseil européen et Collège d’obstétrique et de gynécologie (European Board and College of Obstetrics and Gynaecology)

    Est-il possible de tomber enceinte après un avortement ? Le fait d’avoir avorté a-t-il un impact sur vos chances futures de tomber enceinte ? Une gynécologue et une spécialiste de la fertilité partagent leurs connaissances avec nous en matière d’avortement et de fertilité.

    Avis de non-responsabilité : les lois relatives à l’avortement et les pratiques médicales liées à ce dernier peuvent différer en fonction de l’endroit où vous vivez. Vérifiez systématiquement les lois relatives à l’avortement en vigueur dans votre pays. Les informations fournies dans le présent article ne visent pas à encourager une quelconque pratique et sont uniquement destinées à des fins éducatives.

    Que vous ayez avorté il y a 10 ans ou 10 mois, il est tout à fait normal que vous vous demandiez si cela pourrait affecter vos chances de concevoir un bébé à l’avenir. Après tout, un avortement peut être source de nombreuses questions, notamment sur son déroulement, ses conséquences et son impact sur la fertilité.

    Vous n’êtes pas la seule personne à vous poser ces questions. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 73 millions d’avortements sont provoqués chaque année dans le monde. Cela signifie qu’une interruption volontaire de grossesse (IVG) est provoquée dans 61 % des cas de grossesse non désirée, soit dans 29 % de la totalité des grossesses.

    Nous avons demandé à deux membres du Comité médical de Flo, Dre Jenna Flanagan, une gynécologue obstétricienne, et Dre Tiffanny Jones, une spécialiste de la fertilité, de répondre aux questions les plus fréquemment posées sur l’avortement et la fertilité.

    Est-il possible de tomber enceinte après un avortement ? Après une IVG, en combien de temps est-il possible de retomber enceinte ?

    La réponse est oui, vous pouvez retomber enceinte après une IVG, et ce, assez rapidement. « Une femme peut ovuler (libérer un ovule prêt à être fécondé) et tomber enceinte avant l’arrivée du cycle menstruel suivant son avortement », nous explique Dre Jones. Cela a été confirmé par les recherches du Collège américain des obstétriciens et gynécologues. Ces recherches ont permis de déterminer que 83 % des femmes ovulent dans le mois suivant leur avortement. Cela signifie que vous pouvez retomber enceinte avant vos prochaines règles.

    C’est pour cette raison qu’il est très important d’utiliser une méthode de contraception efficace si vous prévoyez d’avoir des rapports sexuels non protégés pouvant mener à une grossesse. Nous reviendrons plus en détail sur les différentes méthodes de contraception disponibles ci-dessous.

    Comment Flo peut vous aider ?

    Un avortement peut-il être à l’origine d’une infertilité ?

    Souvent, l’infertilité est l’une des premières sources d’inquiétude après un avortement. Toutefois, des résultats d’études se veulent rassurants.

    « Les recherches menées sur le sujet n’indiquent pas qu’un avortement (médicalement supervisé) a un impact sur la fertilité des personnes qui y ont eu recours », indique Dre Flanagan à Flo. C’est le cas, que vous ayez eu recours à une IVG médicamenteuse ou instrumentale (chirurgicale), et ce, peu importe le stade de votre grossesse au moment de l’avortement en question. Il est néanmoins impératif que ce dernier soit effectué dans des conditions sûres.

    Dre Flanagan nous explique ce que cela signifie. « Généralement, après un avortement, il n’y a pas de risque accru d’infertilité, et ce, peu importe le stade de la grossesse au moment de l’avortement, tant que celui-ci a été effectué par un·e spécialiste agréé·e ayant suivi les recommandations visant à assurer la sécurité et la santé de la personne avortant », indique Dre Flanagan. Ces directives sont fournies par l’OMS. Vous pouvez les consulter en cliquant ici.

    En cas d’avortement chirurgical, il existe un risque infime de cicatrices utérines, car les instruments médicaux utilisés peuvent provoquer des microtraumatismes au niveau de la muqueuse utérine, surtout si une infection se déclare. Dans de tels cas, il peut s’avérer plus difficile de tomber enceinte. C’est pour cette raison qu’il est primordial de rapporter immédiatement toute douleur ou pertes anormales à votre médecin.

    « De tels cas restent très rares. Ils sont souvent diagnostiqués et traités grâce à une simple procédure ambulatoire effectuée après l’avortement dans le but d’optimiser la fertilité », indique Dre Flanagan. L’avortement chirurgical n’est pas la seule cause de l’apparition de cicatrices utérines. En effet, les cicatrices utérines peuvent également être dues aux instruments médicaux utilisés dans le cadre d’autres interventions menées dans l’utérus telles que « les interventions chirurgicales réalisées à la suite d’une fausse couche ou l’insertion d’une caméra (hystéroscope) dans l’utérus. » Si cela vous inquiète, parlez-en à votre médecin.

    Un avortement peut-il avoir un impact sur mes futures grossesses ?

    « Généralement, non », déclare Dre Jones. « Cependant, vos futures grossesses peuvent être plus risquées en raison des complications qui peuvent survenir (après un avortement). Si plusieurs opérations chirurgicales ont été réalisées au niveau de votre utérus, une future grossesse peut présenter davantage de risques de croissance anormale du placenta dans le muscle de l’utérus. »

    Parallèlement, la science n’a pas permis de déterminer clairement si l’avortement favorise le risque de travail prématuré pour les futures grossesses. Un examen de preuves scientifiques mené en 2015 par une équipe italo-américaine a démontré que le retrait des tissus de la grossesse après un avortement ou une fausse couche (également connu sous le nom d’« évacuation utérine ») est un facteur favorisant le travail et les naissances prématurés. Toutefois, une vaste étude écossaise effectuée auprès de plus de 120 000 femmes ayant avorté a permis de démontrer que le risque de travail prématuré était plus faible chez les femmes ayant avorté que chez celles ayant fait une fausse couche.

    Au final, Dre Flanagan tient à vous rassurer : « Le risque de naissance avant terme (prématurée) après un avortement n’est généralement pas mentionné, car, bien qu’il existe, il est infime, et de nombreuses études présentent des données contradictoires à ce sujet. »

    La contraception après un avortement : quelle contraception pouvez-vous utiliser ?

    Après un avortement médicamenteux ou chirurgical, vous pouvez utiliser la plupart des méthodes de contraception existantes. Il y a cependant une exception.

    « Un dispositif intra-utérin (DIU) peut être placé uniquement dans le cadre d’une consultation de suivi d’un avortement médicamenteux. En effet, il est crucial de s’assurer que l’avortement est complet et qu’il n’est pas dangereux d’insérer un DIU dans l’utérus », indique Dre Flanagan. « À la fin d’un avortement chirurgical, votre médecin peut insérer un DIU. »

    « Si vous ne souhaitez pas rapidement retomber enceinte, nous vous recommandons l’utilisation d’une contraception juste après ou au moment de l’IVG afin de prévenir toute grossesse ultérieure. En effet, vous pouvez ovuler entre 2 et 4 semaines après avoir avorté, juste avant le premier cycle menstruel suivant votre avortement. »

    Parmi les options disponibles, on retrouve notamment « les pilules, les patchs ou les anneaux contraceptifs ainsi que les implants qui peuvent être utilisés immédiatement ou peu de temps après une IVG médicamenteuse », explique Dre Flanagan. Ces méthodes de contraception sont également efficaces après un avortement chirurgical.

    Après un avortement, à quel moment les tests de grossesse sont-ils fiables ?

    Les tests de grossesse détectent uniquement la présence de l’hormone de grossesse, la gonadotrophine chorionique humaine (hCG), dans votre urine. Un test de grossesse positif indique la présence de hCG dans votre système. Dre Jones vous met en garde quant à la réalisation d’un test de grossesse après un avortement.

    « À la suite d’un avortement complet, des semaines peuvent s’écouler avant qu’un test de grossesse soit négatif, car la hCG est toujours présente dans l’organisme et le taux de hCG peut mettre du temps avant d’atteindre zéro », nous indique-t-elle. Si vous craignez que votre avortement soit incomplet ou si vous avez des inquiétudes concernant les complications qui pourraient en découler, parlez-en à votre médecin. Il ou elle pourra effectuer des tests sanguins pour mesurer le taux précis de hCG dans votre organisme afin de voir si ce taux augmente ou diminue. Ainsi, vous aurez les indications nécessaires pour déterminer si vous êtes toujours enceinte.

    Lorsqu’un avortement médical est incomplet, cela signifie qu’il reste des tissus de la grossesse dans l’utérus. Souvent, les personnes dont l’avortement est incomplet présentent des symptômes. Par exemple, certains signes de grossesse comme les nausées et la fatigue persistent. Des saignements prolongés et irréguliers (généralement accompagnés de caillots de sang et de crampes) durant plus longtemps que prévu (1 à 2 jours) peuvent également indiquer que quelque chose ne va pas. En cas de symptômes de grossesse persistants ou de douleurs, vous devez consulter immédiatement votre médecin.

    Comment faire face aux émotions qui se manifestent après un avortement ?

    Avorter peut faire surgir toutes sortes d’émotions : du soulagement à la colère, en passant par de la tristesse et bien d’autres encore. Il arrive même parfois de ressentir toutes ces émotions à la fois.

    Dre Flanagan tient à vous rassurer par rapport à ces fluctuations émotionnelles. « Les émotions que vous ressentez sont parfaitement normales », indique-t-elle. « À différents stades du processus d’avortement, vous pouvez ressentir des émotions très différentes. Encore une fois, c’est tout à fait normal. »

    Parler de ses émotions à une autre personne peut s’avérer bénéfique pour certaines femmes et personnes ayant leurs règles. « Obtenir de l’aide est un choix qui vous revient. Mais, avoir le soutien d’une personne en qui vous avez confiance est sans doute ce qu’il y a de mieux pour votre rétablissement émotionnel et physique. Ce soutien peut provenir de votre famille, de vos proches, d’un·e thérapeute ou de votre médecin », indique Dre Flanagan. Vous pouvez également consulter des forums et rejoindre des groupes de soutien en ligne. Ceux-ci permettent aux personnes ayant avorté de partager leurs expériences dans un espace sécurisé.

    Références

    “Abortion.” World Health Organization, www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/abortion. Consulté le 4 juillet 2022.

    “Abortion Care Guideline.” World Health Organization, 8 mars 2022, www.who.int/publications/i/item/9789240039483. Consulté le 4 juillet 2022.

    “Access to Postabortion Contraception.” American College of Obstetricians and Gynecologists, www.acog.org/clinical/clinical-guidance/committee-opinion/articles/2021/08/access-to-postabortion-contraception. Consulté le 4 juillet 2022.

    Bhattacharya, Siladitya, et al. “Reproductive Outcomes Following Induced Abortion: A National Register-Based Cohort Study in Scotland.” BMJ Open, vol. 2, n° 4, août 2012, https://doi.org/10.1136/bmjopen-2012-000911. Consulté le 4 juillet 2022.

    “Incomplete Abortion.” Science Direct, https://doi.org/10.1016/B978-1-4377-1575-0.10021-0. Consulté le 4 juillet 2022.

    “Incomplete Abortion Management: Recommendations 35-38 (3.5.2) - Abortion Care Guideline.” Abortion Care Guideline - Consolidated Guidelines for Clinical Care, Service Delivery, and Law and Policy, 19 novembre 2021, https://srhr.org/abortioncare/chapter-3/post-abortion-3-5/incomplete-abortion-management-recommendations-35-38-3-5-2/. Consulté le 4 juillet 2022.

    Lähteenmäki, P. “The Disappearance of HCG and Return of Pituitary Function after Abortion.” Clinical Endocrinology, vol. 9, n° 2, août 1978, p. 101–12. Consulté le 4 juillet 2022.

    Saccone, Gabriele, et al. “Prior Uterine Evacuation of Pregnancy as Independent Risk Factor for Preterm Birth: A Systematic Review and Metaanalysis.” American Journal of Obstetrics and Gynecology, vol. 214, n° 5, mai 2016, p. 572–91. Consulté le 4 juillet 2022.

    Historique des mises à jour

    Version actuelle (05 mars 2023)

    Révisé par l'EBCOG, Conseil européen et Collège d’obstétrique et de gynécologie (European Board and College of Obstetrics and Gynaecology)

    Publié le (20 décembre 2022)

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